Journées du Logiciel Libre 2025

Comment concilier sobriété énergétique et souveraineté technologique ? Avec des solutions libres !
25/05/2025 , Conf 1 - Amphi Descartes

Retour d'expérience de 15 années dans une unité de service en informatique scientifique à l'ENS-Lyon


D'un côté, il est un fait que l'usage du "numérique" est responsable (non résiduel) du réchauffement climatique. Et pourtant, son exploitation ne cesse de s'accroître tous azimuts, surfant sur l'énergivore déferlante IA. De l'autre, la tension géopolitique actuelle (suivant la crise énergétique) nous invite autant à la réduction de nos dépenses de fonctionnement qu'à la prudence quant aux choix technologiques.

Il existe des solutions, basées sur des logiciels libres, offrant à la fois généricité, efficacité, robustesse, résilience et souveraineté. Nous nous proposons de détailler plusieurs d'entre elles, utilisées depuis plus de 15 ans dans une unité regroupant l'essentiel des moyens d'informatique scientifique mutualisée à l'échelle d'un établissement de l'enseignement supérieur : le CBPsmn de l'ENS de Lyon.

Tout d'abord, nous nous pencherons sur l'empreinte environnementale des équipements. Avec une électricité largement décarbonée, la France peut (presque) réduire son empreinte environnementale IT à la fabrication des équipements (dès lors qu'elle en internalise les équipements)... Ainsi les exploiter le plus longtemps possible constitue une approche vertueuse. Nous verrons les actions en ce sens menées depuis plus de 15 ans et détaillerons en quoi des outils libres restent le meilleur cadre opérationnel de l'exploitation de ces matériels et comment ils apportent une souveraineté, notamment en matière de stockage.

Puis, nous aborderons les solutions destinées à exploiter le "déchet" de l'équipement IT : sa chaleur fatale. Cela, en analysant puis déployant des solutions libres permettant d'optimiser la consommation voire d'exploiter complètement cette chaleur : par exemple les AnchIAles, des auxiliaires de chauffage dopées à la carte graphique de Gamer parfaites pour l'essentiel des applications IA. Ainsi, nous évoquerons la solution libre SIDUS réduisant toute installation et toute mise-à-jour à un simple démarrage pour prêt de 1000 machines.

Ensuite, nous détaillerons comment étudier et améliorer la performance énergétique des Data Center : d'un côté par une métrologie de Data Center "à air", de l'autre par l'exploration et l'exploitation des serveurs immergés dans l'huile suivant les aspects scientifique, technique et opérationnel : cette dernière solution offre à l'heure actuelle la seule solution universelle et souveraine en matière de refroidissement efficace.

Enfin, abordant la souveraineté technologique ne se décrète pas mais se développe graduellement, nous martelerons que la formation en demeure le pilier cardinal. Sans la connaissance de ce qui se passe quand nous sollicitons un équipement, il est mal exploité. Sans l'apprentissage d'environnements logiciels ouverts, notamment dans l'exploitation des circuits graphiques indispensables à l'IA, la dépendance technologique reste forte. Pourtant, des approches alternatives existent, depuis très longtemps et ne demandent qu'à être mieux exploitées.

Nous conclurons que dans un contexte de pénurie (relative) de matériel neuf et face à l'émergence de nouveaux besoins, il est souvent possible de choisir des solutions libres et ouvertes, dès lors qu'on s'en donne la peine. Contrairement aux idées reçues, la marche vers l'autonomie de son environnement IT n'est pas plus haute que la constellation de toutes les certifications sur des matériels et leur exploitation souvent bancale.


Intervention tout public – oui Catégorie de public visée

Entreprise

Nom de l'association ou entreprise

Ecole Normale Supérieure de Lyon

Chercheur de formation, enseignant de première expérience, Emmanuel Quémener a choisi dès fin 1999 de se placer au service de ces coeurs de métiers dans la fonction d'ingénieur. Très investi dès 1996 dans l'usage des logiciels libres dans l'enseignement supérieur, il en a généralisé l'usage dès 2001 dans toute l'infrastructure informatique de l'ENS-Cachan, des réseaux aux services critiques notamment. Revenant au calcul scientifique mi 2005 (dans le méso-centre de l'ENS-Cachan), il travaille successivement à l'observatoire de Lyon (projet spatial JWST) puis au laboratoire d'informatique de l'ENS-Lyon (projet ANR LEGO). Rejoignant la tête du service informatique de l'ENS-Lyon fin 2007, il choisit de revenir au service de la recherche fin 2009 à l'aube de la fusion des ENS lyonnaises. Actuellement ingénieur au Centre Blaise Pascal (maison de la simulation de la place lyonnaise), ses principaux projets sont axés sur l'intégration logicielle, le stockage distribué, le calcul scientifique sur GPU, le développement de SIDUS (Single Instance Distributing Universal System). Son activité opérationnelle se complète par la création et l'administration du centre d'essais composé de plateaux techniques et dédiés aux chercheurs et aux enseignants de la place lyonnaise (développement d'environnements logiciels spécifiques, forge logicielle, ingénierie de projets, études de faisabilité, développements de démonstrateurs et prototypes, ...). Cette dernière activité s'apparente beaucoup à une fonction de "pilote d'essai informatique", laquelle, menée en étroite collaboration avec le centre de calcul de l'ENS-Lyon, le Pôle Scientifique de Modélisation Numérique, permet une internalisation complète de ses installations.